Tech Talk: les étudiants prennent la parole (Jour 4)
Chaque soir, les étudiants partagent, opposent et comparent leurs idées novatrices lors des Tech Talks qui viennent clôturer les courses. Rencontre avec 3 équipes de cette seconde édition de l'HYDROCONTEST: Universidade Nacional de Colombia Sede Medellin (Colombie), ENSM Marseille (France) et Haute Ecole Arc Ingénierie (Suisse).
Pour leur 2e participation, l’ancien team manager a repris les rênes de l’équipe de l’université de Medellin, aidé de 3 coéquipiers de 2014 et rejoint par 12 nouveaux étudiants. Ne pouvant bénéficier d’aucune formation en architecture ou en ingénierie navales en Colombie, ils ont dû être autodidactes du début à la fin du projet HYDROCONTEST pour construire un prototype innovant qui ait sa place dans la compétition. Utilisant le retour d’expérience de 2014 pour concevoir un tout nouveau bateau, ils ont ainsi imaginé un catamaran suffisamment long et fin pour diminuer sa résistance à l’eau. Avec de la simulation statique et dynamique, ils ont travaillé sur les phases d’accélération et construit un simulateur dynamique. Partant de là, ils ont conçu un système de contrôle de stabilité avec un capteur pour mesurer le roulis et le tangage et les corriger avec des flaps (volets inclinables à l’arrière des foils) automatisés. Cela a pour avantage d’avoir le meilleur rapport portance/trainée lors des phases critiques d’accélération et de virage, et de réduire la traînée.
Malgré la réception tardive de son embarcation presque 2 jours après le début de la compétition, l’équipe Hydrometra est fière d’avoir pu terminer la course de longue durée, même si la plus grande récompense de toutes pour les étudiants réside dans l’expérience qu’ils vivent et partagent depuis des mois grâce au challenge.
Pour tous avoir leur chance dans un contexte où l’accès aux études supérieures n’est pas aussi simple qu’en Europe, les candidats intéressés par l’HYDROCONTEST ont été sélectionnés selon leur motivation et les aptitudes qu’ils pourraient mettre à profit du projet. Et pour tester leur motivation réelle, le team manager et l’université ont informés les équipiers de leur voyage en Suisse 2 mois seulement avant la compétition… Juste le temps d’obtenir les visas !
L’équipe de l’ENSM Marseille 2015, composée d’anciens et nouveaux participants, a diminué de moitié au cours de la préparation de l’HYDROCONTEST. La grande charge de travail représentée par le projet était difficile à concilier avec le programme d’études et les navigations obligatoires du cursus de l’école, mais 5 irréductibles marins puristes ont su tenir bon pour participer cette année encore.
Capitalisant sur les enseignements tirés de 2014 et leurs connaissances maritimes, le team a travaillé sur 2 prototypes : l’amélioration du léger 2014 et la création d’un tout nouveau modèle lourd. Les Marseillais sont arrivés à l’HYDROCONTEST avec deux belles innovations applicables à la réalité de l’industrie. La première concerne la régulation électronique des foils en T sur son bateau léger. Après avoir abandonné les foils en V, dont la composante latérale n’est pas pertinente pour un bateau à moteur, l’équipe a souhaité régler le problème de stabilité en immersion. Elle a donc mis en place un gyroscope pour contrôler le roulis, mais surtout, et c’est là que se trouve l’innovation, un système de mesure de la hauteur grâce à des ultra-sons.
La seconde innovation, sur le bateau lourd, est un système de passerelle rendant possible l’utilisation d’un swath lors du chargement de marchandises dans un port. En effet, la passerelle peut se mettre à flots au niveau du swath et compenser sa flottabilité négative le temps du chargement ou de la navigation à vide : ceci est un bel exemple d’innovation au service du transport maritime de demain.
Malgré quelques problèmes de fabrication de la coque en fibre de lin faite maison qui n’était pas étanche, l’équipe est certaine de tenir un concept nouveau et viable, qu’elle souhaite commencer à perfectionner dès son retour à Marseille avec une partie de l’équipe 2016 déjà formée.
Le Team HE-Arc est composé d’étudiants en conception de systèmes mécaniques du canton de Neuchâtel et du Jura bernois. Après une 1e participation couronnée de succès en 2014, ils sont revenus cette année avec deux bateaux plutôt qu’un seul. Prévu à l’origine pour être hybride, ils ont optimisé leur navire de 2014, « Big CHArc » afin de le faire concourir en catégorie lourde cette année. Pour la catégorie légère, ils ont choisi de créer un tout nouveau bateau, « Little CHArc », afin d’être plus compétitifs et mieux adaptés à cette course rapide.
Grâce à l’influence de leur professeur, spécialiste de l’aérospatial, les étudiants de HE-Arc ont choisi des hélices particulièrement innovantes sur deux aspects. Tout d’abord, elles ont des pales variables dont l’inclinaison peut être modifiée depuis la télécommande, au fil du parcours : phase de démarrage et de vitesse. Cela constitue clairement un avantage concurrentiel par rapport à ceux qui n’ont pas de tel système ou qui ne peuvent en modifier l’inclinaison qu’une fois le bateau hors de l’eau. Seconde innovation sur cet HYDROCONTEST, les pales ont été conçues à l’image des ailettes d’avion : cela augmente la portance, mais surtout réduit la trainée générée par l’hélice.
